Le peau à peau consiste à placer un nouveau-né complètement nu, à l'exception d'une couche, contre la poitrine nue de son parent ou d’une personne qui en prend soin. Il permet au bébé et à son parent de sécréter de l’ocytocine, hormone de l’amour, et de profiter de tous ses bénéfices. Il constitue un soin postnatal essentiel pour le nouveau-né, qu’il soit prématuré ou né à terme.
Le peau à peau est pratiqué dès la naissance, idéalement de manière ininterrompue durant les 2 premières heures de vie. Il est d’abord pratiqué avec la mère pendant ces premières heures pour favoriser au maximum la lactation et la transition biologique postnatale. Dans les rares cas où la mère est dans l’impossibilité de faire du contact peau à peau immédiatement après la naissance, le père est encouragé à le faire. Ensuite, le peau à peau peut être pratiqué autant par un parent que par l’autre, ou même un autre membre de la famille proche.
Offrir au nouveau-né un maximum de peau à peau durant les premières 24 heures de vie permet au bébé d’expérimenter une transition vers la vie extra-utérine tout en douceur. On peut ensuite continuer de s’offrir ce merveilleux contact à la maison, après la sortie du lieu de naissance, durant toute la période postnatale. Il est recommandé de faire du peau à peau pour une durée d'une à deux heures par jour (l’équivalent d’un cycle complet de sommeil). Et ce, jusqu’à ce que le bébé atteigne six semaines. On peut ensuite garder le bébé en contact étroit avec ses parents même lorsqu’en activité grâce à la pratique du portage physiologique et l’utilisation d’un porte-bébé.
Le peau à peau est un soin postnatal accessible à tous les parents, demandant seulement un peu de temps et une vigilance appropriée. Pour pratiquer le peau à peau sécuritairement, assoyez-vous ou allongez-vous confortablement à un angle de 45 degrés (semi-couché). Placez le bébé nu, à l'exception de sa couche, sur votre poitrine nu. Recouvrez-le d’une mince couverture afin qu’il conserve sa chaleur. Le visage de bébé doit toujours être visible, ses voies respiratoires dégagées et son menton légèrement relevé. Si vous vous sentez fatigué, déposez bébé dans son lit ou demandez à une autre personne de s’en occuper, ou de rester à proximité afin de garder bébé sous surveillance.
D’abord mise en place dans les néonatalogies, le peau à peau a démontré être bénéfique à plusieurs niveaux pour les bébés prématurés, mais aussi pour les bébés nés à terme. Les études démontrent que le contact peau à peau aide au bon développement du cerveau du nouveau-né, en plus de stabiliser ses signes vitaux. Aujourd’hui, de nombreux hôpitaux et autres lieux de naissance partout dans le monde ont adapté leur protocole de soin afin d’offrir 1 à 2 heures de peau à peau ininterrompue à chaque nouveau-né tel que recommandé par l’OMS. [1]
La prochaine étape souhaitée pour les établissements de santé périnataux serait la mise en œuvre de la recommandation de l’United States Institute of Kangaroo Care (USIKC). C’est-à-dire, de garder le nouveau-né au moins 24 heures dans son habitat naturel sans séparation, donc en peau à peau. L’allaitement exclusif serait ainsi grandement favorisé (probable à 90%). [2]
Les chercheurs parlent aujourd’hui de l'habitat naturel du nouveau-né comme étant le corps de sa mère, ou alternativement, de son père. La biologie du bébé est pré-programmé pour évoluer dans cet habitat particulier et se comporter de manière à subvenir à ses propres besoins en chaleur, en nourriture et en réconfort.[3] Autrement, il est en « état de séparation » et devient alors en « mode de survie » avec ses hormones de stress qui s’élèvent rapidement et le déstabilisent. [4]
Les conséquences d’un état de stress sur la physiologie du nouveau-né sont larges : mise en pause du développement, instabilité physiologique, diminution de la prise de poids, délais du processus d’attachement, difficulté à téter, etc.[5]
La majorité des hôpitaux au Québec favorisent la cohabitation du bébé dans la même chambre d’hôpital que sa mère. Il est important de savoir que cette cohabitation en elle seule n’est pas une non-séparation. Tout vêtement ou distance entre le bébé et sa mère ou son père constitue un état de séparation dans les premiers jours de vie.
Ainsi, on comprend de mieux en mieux la nécessité de pratiquer le peau à peau durant les premières heures suivant la naissance. Et on y attribue une cascade de bienfaits pour le bébé, la mère, mais aussi pour le père ou l’autre parent.
Texte rédigé par Janie Vachon-Robillard, formatrice en portage, consultante en Peau à peau de l'United States Institute of Kagaroo Care, directrice de l'École Porter la Vie.
[1] Standards pour l’amélioration de la qualité des soins maternels et néonatals dans les établissements de santé, OMS, 2016.
[2] Bergman, N.J. (2014 – Nov 28). The neuroscience of birth - and the case for Zero Separation. Curationis, 37(2):1-4.
[3] Bergman 2006
[4] Morgan, B.E., Horn, A.R. & Bergman, N.J. (2011). Should neonates sleep alone? Biological psychiatry 70, 817-825
[5]Christensson, K., Cabrera, T., Christensson, E., Uvnäs–Moberg, K., & Winberg, J. (1995). Separation distress call in the human neonate in the absence of maternal body contact. Acta paediatrica, 84(5), 468-473.